À la faveur de la nuit

Agréable surprise que de découvrir au détour d'une ruelle parisienne les oeuvres de l'éditeur et auteur québécois Jimmy Beaulieu.  Exposées à la Galerie Oblique du 15 juin au 2 juillet 2011, ses planches suaves, ses dessins sensuels, ses aquarelles légères et ses crayonnés intenses éveillent par leur formes les sens d'un visiteur déjà conquis par les tons et couleurs offerts à son regard par l'auteur. Un auteur qui a marqué les esprits par la publication d'une Comédie Sentimentale Pornographique en janvier 2011, comédie aguicheuse, histoire réussie du questionnement d'un écrivain en quête de nouveaux idéaux, réussie grâce à des dialogues où le lecteur se plaît à découvrir des personnages dans une véritable mise en scène théâtrale, sensuelle, parfois espiègle et coquine. Cette comédie n'a de pornographique que le nom, que le lecteur savoure et adore mais avec un sentiment d'inachevé tant il aurait aimé voir les planches se multiplier, tant il aurait aimé suivre ses personnages dans une suite, un diptyque voire un triptyque plus construit. Légère frustration heureusement atténuée  par le talent de Beaulieu  qui réussi le passage du statut d'éditeur à celui d'auteur. 

A la faveur de la nuit est le précédent ouvrage de l'auteur, publié en octobre 2010 par les impressions nouvelles, cet opus est une étrange expérience qui débute par ses mots "Dans un motel perdu quelque part sur les routes du Québec, Béatrice et Véronique attendent Léonce. Il se fait tard. Pour passer le temps, elles se racontent des histoires (...) La nuit devient une promenade dans les aires de recoupement entre incongruités du quotidien et banalités de l'imaginaire.




Littérature Graphique s'intéresse donc à ses planches, à ses crayonnés, qui emmènent le long de digressions étranges le lecteur dans les délires de l'imaginaire de deux jeunes femmes. Et parfois, à la faveur de la nuit, dans une réalité parallèle sous les toits de l'architecture de Saint-Malo,  la cité malouine étant propice aux songes car cette ville est "merveilleuse ! La nature et l'architecture, là-bas ça fait rêver..."

Des songes où le trait vient décrire des formes, des courbes féminines, aux rondeurs légères, un trait qui s'estompe, disparaît dans des alcôves de chair... A la faveur de la nuit est un ouvrage qui est construit dans le chaos de ses digressions, la nuit est à elle seule le dénominateur commun de chaque scène, venant introduire une atmosphère sombre, apte à révéler des mystères. Le décor lui aussi est placé : une chambre, des draps, les personnages sont vivants, le lecteur les voit se mouvoir, découvre leur intimité, leur imagination, leurs confidences.

Ces histoires sont toutes nées d'une histoire, celle de l'attente. Comme pour conjurer cette attente, les corps ne désirent que se rapprocher... l'attente étant un sentiment de frustration interminable surtout lorsque cette émotion se fait sentir la nuit, une nuit sans sommeil où la seule satisfaction réside dans la présence de l'autre. Cette autre qui devient le point de convergence des fantasmes, sa chaleur devenant une nécessité sans égale, cette autre dont notre âme se nourrit et dont les songes rejoignent les notres à la faveur de la nuit. 

Cette présence ou absence est à elle seule un personnage. Elle habite le lieu, elle créé l'instant, elle éveille l'imaginaire. L'autre est là, et on le dévore de désir. Peut être pas suffisamment, peut être ignore-t-elle son charme, ce dont elle est capable ?  


L'autre est absent et l'on songe à tous les plaisirs perdus et que le temps ne rendra jamais. Cette frustration est le propre du désir et de l'hédonisme puisque la ressentir nous fait prendre conscience de la valeur irremplaçable de l'instant présent. Un instant qui paradoxalement perd toute valeur dès lors qu'il est ponctué de solitude. 

A la faveur de la nuit est déroutant, il suggère plus qu'il ne raconte, il laisse l'imagination du lecteur prendre le dessus. Il est instable dans sa narration, il est haletant par son rythme mais il a l'avantage de laisser de la place à nos propres songes... Il rappelle au lecteur, que lui aussi à la faveur de la nuit il se racontait, allongé dans les draps d'une autre où il écoutait les histoires et les souvenirs de celle qu'il n'attend plus.  Que fera-il à présent à la faveur de la nuit ? Doit-il se complaire d'une solitude haïe ou chercher du regard cette autre qui l'attend à la fenêtre pour lui murmurer Rimbaud et ses sensations...

 "Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue, Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien, Par la nature, heureux comme avec une femme."




Vagabond

Lecture de droite vers la gauche
Les visiteurs du Musée Guimet à Paris ont pu il y a quelques mois découvrir un léger aperçu du travail de Takehiko Inoue. Ils ont pu profiter du panorama parisien au travers des larges baies vitrées de la coupole et de la rotonde du musée national des arts asiatiques où était installée une bibliothèque éphémère regroupant certains chefs d'oeuvre du Manga. 

Takehiko Inoue est un jeune auteur qui s'est lancé à corps perdu dans le 9ème art, passionné, il obtient en 1988 le prix Tezuka.  Sa première histoire, le shônen Slamdunk, a été un succès majeur. Succès commercial tout d'abord avec 110 millions d'exemplaires vendus en quatorze années de publication mais succès artistique avant tout puisque l'effort consacré aux personnages, à leur construction personnelle en a fait un chef d'oeuvre, Inoue étant un auteur en perpétuel questionnement, tiraillé sans cesse par la sincérité de son propos. Une sincérité qui le pousse vers les méandres du seinen, avec Vagabond, publié aux éditions Tonkam, il est édité au Japon par la Kodansha et est une adaptation risquée mais réussie du roman Musashi de Yoshikawa Eiji relatant la vie d'une figure majeure de l'histoire japonaise, le samouraï Miyamoto Musashi. 

Risquée car Musashi est un emblème national dont la vie est un questionnement à part entière. Escrimeur, son existence a été d'une violence rare dans un Japon instable, en proie à d'importants changements, Musashi n'avait ainsi que 17 ans lorsqu'il participa à la bataille de Sekigahara qui fit basculer le Japon d'une période féodale à une ère de Paix. La période Edo, qui durera plus de deux siècles jusqu'à la Restauration Meiji et l'ouverture du Japon à l'Occident.  La violence de son existence, sa solitude, sa douceur teintée de doutes, de certitudes, son talent artistique, calligraphe, peintre, font de Musashi un être paradoxal en paix et en guerre avec lui-même confronté en permanence à des choix. Des choix qu'il doit faire car ils engagent pleinement son existence. Là encore, l'existentialisme qui semble habiter toute création artistique vient nous confronter à l'absurdité d'une vie pleine de questions, absente de toutes réponses. Mais une vie pleinement désirée, n'ayant de sens que par l'éphémère souffle qui en émane. 


Takehiko Inoue est un auteur en prise avec ce questionnement, au point même qu'il lui est arrivé parfois d'arrêter, d'arrêter de dessiner, d'interrompre son travail une année entière, confronté à cette fièvre créatrice qui exige de lui une discipline d'une rare sévérité mais qui étrangement le pousse dans ses retranchements et le conduit à se remettre en question. Il explique ainsi s'être soudainement arrêter de dessiner lorsqu'il a ressenti les émotions de Musashi. Dessiner un personnage, un sourire, des larmes n'est pas pour lui synonyme d'une technique (qu'il maîtrise d'ailleurs à merveille) non, il s'agit pour Inoue de ressentir les désirs de son personnage. Ecrire, dessiner une histoire n'est pas un acte anodin, il ne s'agit pas seulement de produire, d'éditer, de relier un livre, de tracer des traits, il ne s'agit pas uniquement d'esthétique, de transmission, il s'agit avant tout d'un travail sur soi, d'un questionnement. Les plus grandes expériences étant avant tout intérieures... Ce questionnement s'est rappelé brusquement à lui cet hiver, il a ainsi choisi après la catastrophe qui a frappé le Japon d'interrompre son travail et il a décidé de partir à la rencontre des habitants de Sendaï, de témoigner en dessinant leur portrait, leur maison détruite, leur effort de reconstruction. Une dévotion et une prise de conscience de l'essentiel. 

Ce questionnement permanent de l'auteur, ses doutes vis à vis de l'existence nous place dans un questionnement sur nos propres capacités à réagir, à vivre... "Toutes nos limites s'effacent non ?" Un questionnement qui implique une réponse qui n'est utile que pour se confronter enfin à cette étrange révélation, féconde et paradoxale : "Nos vies aux uns et aux autres sont parfaitement déterminées par le Ciel... Et pourtant... Nous sommes totalement libres." 





Cette révélation est apportée à Musashi par la sagesse des "anciens", qui eux mêmes dans leur jeunesse ont traversé des océans de doutes. 


Inoue semble parler de cette révélation dans ses mots "Si la feuille de papier immaculée n'est que du papier pour qui n'est pas mangaka, à mes yeux en tous cas elle est déjà apparue tyrannique. Face à cet espace encore vierge, je me dis de temps en temps : "mais... oui... libre à toi de dessiner ce que tu veux", et cela me permet de repartir de zéro, de revenir à un nouveau point de départ naturel."


La Mer, l'eau est un symbole paradoxal de mort et de vie au Japon, pour preuve l'actualité récente à Sendaï mais aussi la célèbre estampe d'Hokusaï, une vague qui engouffre le regard... Ici l'élément aquatique est aussi sombre que notre pensée, son écume aussi claire que la lune, que cette révélation qui vient nous ressaisir dans nos doutes. La jeunesse de Takehiko Inoue a été marqué par l'absence d'un père... une absence qui l'a marqué et qu'il a su combler par ses rencontres. Par la présence de son grand-père, un grand-père qui lui a murmuré un jour à propos de ses dessins : "tes personnages existent, je le vois au mouvement de leurs cheveux...". Un prédécesseur qui par son expérience de la vie vient nous rassurer quand à nos futures réussites, nos futurs échecs. Cette figure vient créer une continuité et une logique temporelle entre un passé et un avenir, Musashi n'est pas exempt des conseils de ces "anciens". Sa rencontre avec le seigneur de Tajima Sekishusai Yagyu sera déterminante, ce dernier devenant pour lui un modèle de conscience qui apparaît pour mieux lui rappeler le sens de la vie. 

Ce seigneur va disparaître, sa vie a-t-elle été vaine, ou au contraire est-il un exemple pour sa famille, pour son clan ? La mort est là, toujours, elle est cet océan de larmes sur les joues de l'unique Femme qu'aime et désire Musashi. Cette femme pleure un seigneur qu'elle a choisi pour grand-père, ce seigneur disparaît en paix sous le son de la flûte de  celle qu'il a choisi pour petite-fille. 









Cette vie est belle car elle est éphémère, cette vie exige des choix, elle exige de ne pas abandonner ses responsabilités dans l'adversité, de ne pas croire que nos erreurs sont irrémédiables. Cette existence n'est pas faite pour des lâches, pour des êtres qui fuient leur passion par crainte de souffrir. Elle est belle car elle nous confronte à des faiblesses qu'il faut combattre en restant fidèle à ses principes dans la durée même lorsque l'espace d'un instant cette fidélité a été rompue. Le souvenir d'un être cher, d'un être qui est parti mais qui est toujours là en pensée est la preuve qu'il existe un témoin de nos engagements. Ces engagements ne peuvent être rompus par caprice ou peur de l'avenir, les êtres qui nous ont précédé sur cette terre sont là pour nous le rappeler. 



Et en effet, témoin de nos vies, il le sont. Dans ces planches Musashi est confronté au grand Ittosai Ito, excentrique et sévère, maître de Kojiro Sasaki, le personnage le plus attachant, le plus mystérieux et charismatique de cette histoire. Il entend cette étrange question au cours du combat, alors empli de doutes, "Où est donc le plaisir ?"



Musashi est vivant, il est bien vivant... Alors qu'attend-il pour sourire ? Qu'attend-il pour vivre pleinement son existence ? En plein combat, il entend le son d'une flûte, il pense à elle... Le plaisir de se dépasser il le ressent. Ce destin qu'il a tracé, il l'a tracé en pleine conscience, cette liberté qu'il savoure est la sienne. Il est libre parce qu'il ne se résigne pas dans ses choix. Il est libre et il pourra lorsque ses combats seront terminés, il pourra rejoindre celle qu'il aime et enfin, enfin de cette étreinte aussi éphémère qu'éternelle, il pourra, elle pourra sourire. 




Le Chat du Rabbin

Le Chat du Rabbin est l’oeuvre phare de Joann Sfar, adaptée au cinéma la bande dessinée se métamorphose en film d’animation, un film co-réalisé avec Antoine Delesvaux et qui sort en salle ce 1er juin et qui a demandé aux différentes équipes plus de quatre années de travail. Le film est fidèle aux cinq histoires du Chat du Rabbin, et réussi à parler de religion, d'identité et d'humanité avec un regard critique mais toujours libre et respectueux. 
Littérature Graphique a voulu s'intéresser au quatrième livre des histoires du Chat du Rabbin Le Paradis Terrestre qui est très certainement celui où Joann Sfar séduit le plus le lecteur par son talent graphique et narratif. Or ce Chat est apparu pour la première fois en 2002. Félin amoureux, il réussi dès les premières planches de La Bar-Mitsva à nous faire découvrir son univers, son maître qu'il ne dérange pas quand il lit, non, il s'assoit juste sur ses livres... Sa maîtresse, la fille du Rabbin Zlabya qui "dit que si les chats pouvaient parler, ils raconteraient des choses incroyables, elle dit aussi que si le perroquet pouvait se taire de temps en temps, ça nous ferait des vacances. Les richesses du monde devraient être mieux réparties dit-elle. Cet oiseau parle sans cesse, qui n'a rien à raconter. Et ce chat qui passe ses nuits sur les toits reste toujours coi. Le Rabbin lui répond que c'est mieux comme ça." Mais l'histoire en décide autrement et le Chat est un félin espiègle, excédé par les bavardages du perroquet, il le dévore... et acquiert la parole ! L'intrigue est posée. 
Amoureux de sa maîtresse, possessif, le Chat apprend à lire, il parle, il est prêt à faire sa Bar-Mitsva pour elle. L'histoire est merveilleuse alternativement tendre, triste parfois tragique, toujours hédoniste.

Les pensées de Joann Sfar s'écrivent dans ses dessins et ses mots... Joann Sfar se raconte au travers d'un rêve que fait le chat dans un sommeil troublé, il cherche éperdument sa maîtresse pour se blottir dans ses bras mais il ne la retrouve pas. Un chat à qui l'on ment, un chat à qui l'on dit que Zlabya est en voyage... Il l'attend... Alors qu'en réalité, son rêve est un cauchemar et Zlabya est morte, il se réveille enfin et fou d'elle la retrouve. Joann Sfar exorcise ses souffrances, ses souvenirs, Joann Sfar a perdu sa mère à l'âge de deux ans et on lui menti, on lui a dit qu'elle a voyagé... Joann Sfar se raconte au travers d'une Alger de l'avant guerre, de la période coloniale où les cafés étaient interdits aux juifs, aux arabes et aux chiens. Une Alger que l'auteur n'a jamais connu mais qui devait malgré ses contrastes et ses ségrégations être une terre rêvée que chérissaient paradoxalement ses habitants. 

On ne peut s'empêcher de penser à Albert Camus et à tous ces êtres ambivalents, riches d'une identité à plusieurs visages. Le regard parfois sarcastique, toujours critique du Chat est là pour nous rappeler que l'on ne peut aimer l'autre sans avoir la liberté de le critiquer, que le vivre ensemble implique un échange emprunt de curiosité et de franchise. Une franchise que l'on retrouve notamment dans le cinquième livre,  Jérusalem d'Afrique qui a été passionnant à la lecture qui semble retranscrit fidèlement dans le film d'animation, critiquer ce cinquième livre dans sa narration est une chose que Joann Sfar apprécierait... Mais revenons au Paradis Terrestre...



Dans cette histoire, le Malka des Lions est un personnage charismatique, une légende, c'est le cousin du Rabbin Sfar,  itinérant, il raconte de villages en villages ses histoires accompagné de son Lion. Le Paradis Terrestre libère la parole, c'est une étrangeté nouvelle, plus subtile que Jerusalem d'Afrique. Joann Sfar y expérimente par des digressions, des mises en abîmes passionnantes, l'art de raconter. L'histoire est magnifique, le personnage du Malka est profond, il créé par sa seule présence une mélancolie jubilatoire. Le Chat est dans cette histoire pour la première fois spectateur, il assiste à cette histoire là où avant il la vivait pleinement. Il est loin de Zlabya, il accompagne le Malka et son lion dans le désert. 




Le Chat est confronté à la déchéance du Malka, à ses inquiétudes. A la lâcheté attendrissante du Lion qui souhaite disparaître avant son maître pour ne pas assister à sa chute. Le choix des thèmes de Joann Sfar nous montre son envie de nous confronter à une réflexion. Il nous place dans un contexte, celui de la vie. Ce contexte nous pousse à réfléchir à notre propre vision du monde, des rapports humains, à nos propres désirs dans la vie. Cela n'est possible que grâce à l'humanité des personnages et à leur intransigeance. Le Chat est dans le désert, il n'est pas sur ses toits, il n'est plus dans la ville, dans les bras de la femme qu'il aime. Le Chat est confronté à la réalité du monde, il assiste au spectacle que lui offre la vie. Il est curieux, pose une multitude de questions et se retire parfois dans ses silences. Il se trompe. 

Sa rencontre avec ce serpent qui piste le Malka pour mieux trouver des oasis est étrange. Elle relève même de l'ordre de l'ésotérisme. Pour preuve cette lumière qui entoure leur discussion en pleine nuit. Troublé le Chat ne comprends pas... Le serpent s'endort, mais le chat lui reste éveillé... Cette rencontre avec l'étrange, avec ce qui fait peur, avec la mort est fascinante. Le Chat est soudainement plus silencieux, il semble inquiet. Il n'hésitera pas à se révolter face à cette condition humaine, à cette déchéance, il n'hésitera pas à menacer le serpent, à lui dire qu'un ami ça ne tue pas, ça rassure, pour l'heure ce chat est pourtant songeur. Le Paradis Terrestre ne s'atteint que lorsque l'on prend conscience de sa propre mort. L'absurdité et l'étrangeté d'une "morsure" qui serait un cadeau pour ce jeune chat commence à devenir un terrible constat de notre fragilité et de l'éphémère instant que dure notre vie. Cette compréhension lors de ce périple dans le désert se digère. Le chat s'endort, il réfléchit, le chat prend conscience de tout cela mais ne se résigne pas. Il ressort grandi de cette épreuve. 

Le Chat du Rabbin sait très bien qu'il n'y a qu'un seul paradis celui de l'instant, du moment présent. Le Malka des lions le sait aussi, il savoure cette existence et malgré ses doutes retrouve la seule vérité qu'il connaisse en ce monde... car "il n'est l'homme que d'une seule femme."


Le lion le rappelle au Chat, ils sont tous deux spectateurs des doutes de cet homme mais aussi de ce qui le construit, ce qui forge son humanité. L'histoire est encore plus passionnante que tous les commentaires de cet article, pleine de rebondissements, elle ne demande qu'à être découverte... 
Le Chat après cette traversée du désert, bercé par les histoires du Malka retrouve celle qu'il aime... Impatient d'aimer il l'a toujours été... mais les épreuves qu'il a traversé lui murmurent de l'aimer encore un peu plus, toujours plus...

Il l'aime et elle le sait...  Alors qu'attend-elle pour le prendre dans ses bras... Pourquoi lui tourne-t-elle le dos ? N'est-il pas le seul qui la comprenne dans ses ambitions ? Elle l'aime et il le sait... Et chacun de ses gestes, chacune de ses impatiences n'est là que pour mieux la séduire, elle lui a manqué... il l'aime.