Sous ta barbe mon âme est morte

Publié par United Dead Artists, achevé en septembre 2011, l'ouvrage retranscrit parfaitement l'audace de son auteur, Aurélie William-Levaux et évoque en dessins le désir de l'éditeur, qui "au delà des mots, croit à la puissance émotionnelle des images." Cette puissance émotionnelle des images creuse son sillon jusqu'à celui qui aventure son regard sur le dessin d'Aurélie William-Levaux. L'auteur brode ses traits comme autant de cicatrices sur une peau, sur une âme... une âme qui, en l'espace d'un instant, a cru en sa propre perdition. Douloureuse, l'expérience l'est assurément, elle exhume les souvenirs comme pour mieux les assimiler. Ils deviennent alors des séquences, des brides de couleurs sur papier qui se juxtaposent dans notre esprit. Là les mots se mêlent aux traits, et, sans s'en rendre compte, nous nous laissons happer par l'auteur dans les méandres de sa chute. Celle où tête la première elle se condamne et se mutile, engouffrée qu'elle est dans le néant d'une étrange rencontre. 




Mais cette rencontre dans ce qu'elle offre de déchirures et de peines ne devient salvatrice que lorsque l'auteur l'effectue avec elle-même. Elle devient spectatrice de sa propre déchéance comme pour mieux contempler une ascension nouvelle, celle de l'instant d'après. 





De l'instant où l'autre, où cet autre ne peut plus l'atteindre. Sous ta barbe mon âme est morte est un titre évocateur, car étrangement, des dévoreurs d'âmes il en existe et leur passage dans une vie ne reflète que le néant qui habite leur être, leur âme à eux est absente, c'est pourquoi ils s'obstinent à vouloir posséder la notre.  Ces souvenirs deviennent des exutoires, des remèdes douloureux et amers qu'il faut une dernière fois avaler avant de se relever. De victime, l'auteur réussit à devenir autre chose, à devenir une nouvelle personne, c'est à dire elle-même et cela sans porter la barbe du bourreau. Il ne s'agit plus de se laisser vivre, voire de survivre à l'autre mais simplement d'exister. D'exister. D'exister.



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